mardi des écrits
by elsail fait beau, sans vent.
on a retendu le cadre du toit avec Magalie. David, le surveillant en a fait une photo .
On a fait un point avec Fanny et Etiennette.
On a accroché dans la cour les prolixes proses de la communauté scolaire du lycée.
on va continuer.
Jip a récolté l’ensemble des “ta question à toi” soient 5 pages de questions.
Donc, hier soir, atelier écriture au chateau, tous trois enfermé dans nos chambres respectives, au calme, loin du bruit des sonneries, et de la soirée récréatives des internes.
Donc mon écrit :
Constats.
Résidence d’artistes au lycée agricole de Rivesaltes.
Nous sommes un collectif d’artistes.
Nous avons écrit un projet « cadre » à 3 têtes pensantes. Nous nous sommes réunis pour expérimenter l’attente ensemble, dans un cadre de travail construit ensemble, d’où en découlerait tout naturellement une création.
Quelle est cette création ?
En effet, nous avons échoué, à mon sens, à nous écouter, nous entendre, à construire une envie commune et respectée, à créer dans le cadre mis dans la cour. MAIS …
Nous ne nous étions pas mis un objectif commun, une forme finale sur laquelle mettre nos capacités respectives en travail. Nous avons travaillé sur des questions, sur le fond donc de qu’est ce que la création.
Est-ce le cadre qui est la création : NON. Le cadre était pensé comme notre cadre de travail, un lieu où nous nous sentirions confortables, disponibles pour créer.
Le cadre en question est situé au cœur du lycée. Le cadre du cadre est le site scolaire et son fonctionnement. Nous avons pu constater à quel point nous avons été influencé, nous nous sommes soumis, nous avons eu du mal à nous adapter aux règles et codes du lycée. En avions nous besoin ? Nous avions fait le choix d’être à l’écoute du contexte du cadre pour étudier son influence sur notre création. Nous voyons maintenant à quel point il nous sollicite en temps, en patience, en communication, ainsi que le peu de temps de liberté et d’espace qu’il nous laisse. Est-on surpris ? Non, un lycée est un lieu d’apprentissage et d’éducation où chacun a son rôle bien défini et vient là pour effectuer sa tâche. Que des artistes viennent y habiter pour créer est en soi totalement incongru, et inadapté. Nous nous y étions donc mal préparés. En effet pour permettre une création entre nous, il nous aurait sans doute fallu demander un local fermé, où nous aurions pu oublier le rythme scolaire et ses sollicitations, et là nous écouter, nous entendre, construire à notre propre rythme.
Bon, qu’est ce qui a bouffé notre enthousiasme ?
Voilà, je cherche beaucoup à justifier. Non.
Quelle est notre création ? Nous ? notre groupe ? NON ; en fait SI, cette résidence a permis de se connaître, car questionner la création, c’est questionner un fonctionnement dont le sien propre, et écouter ce que l’autre a à dire à ce sujet pour travailler en collectif.L’intervention au CDI ?
En parti… Se peut-il que dans ce mine de rien, on va faire un p’tit quelque chose au CDI, tout se soit passé là ? En tout cas, c’est là qu’on s’est fait le plus plaisir.Description de l’intervention au CDI :
- Nous préparions tout d’abord notre cadre d’intervention : orner chaque table d’un dictionnaire ouvert à la définition de cadre, ainsi qu’avec des livres de photos, de peintures, traitant d’art, revues, journaux aux pages culture, etc.… Là-dessus nous saupoudrions des bouts de papiers multicouleurs, où étaient inscrites de multiples questions. ( Telles que « à quoi ça sert blabla ? » ou « c’est quoi blabla ? » ou « blabla, c’est … » ainsi que « t’es qui toi ? » et « ta question à toi ? » et remplacez blabla par : le lycée, un élève, la création, un artiste, le silence, le vide, le loisir, un cadre, inventer, imaginer, produire, travailler, un musée, etc. etc …)
- Nous préparions ensuite les préposés à l’expérience, soient les élèves ou adultes présents à ce rendez-vous. En effet nous leur demandions de se munir d’un crayon, et les munissions de boules quiés afin de bien souligner le calme nécessaire dans un CDI.
- Nous les faisions ensuite rentrer un par un les yeux fermés dans le CDI, guidé par un de nous, ils pouvaient rouvrir les yeux une fois assis.
- Lorsque tout le monde était là, dans le CDI, avec les boules quiés, nous lancions le fait de répondre aux questions, ou les invitions à poser leurs propres questions, nous bougions, voir dansions, mettions la boîte à musique en route ou pas, répondions nous même aux papiers…
- 10 minutes avant que la sonnerie retentisse, nous rangions tous les livres à leur place, faisions signe d’enlever les boules quiés, et les laissions sortir.Rien d’extraordinaire.
Créer, c’est …. Rien ne se crée, tout se transforme.
Que du déjà-vu, certes.
Surtout les questions.
Mais la spontanéité, la liberté qu’ils ont prise de répondre comme ils le souhaitaient et s’ils le voulaient, ceci dans un calme, voir un silence respecté, avec des mines amusées, interloquées, en communiquant entre eux, se passant les papiers, s’invitant à compléter nous ont ravi, et de nouveau questionné.
Je pense qu’il était très clair pour nous que nous ne voulions pas entraîner dans notre résidence les élèves dans une recherche de résultat avec des enjeux de présentation, qui nécessitent de les motiver, de vendre notre « produit » de création, de les convaincre d’y adhérer pour qu’ils aillent à terme du processus. Ce qui aurait été finalement un fonctionnement scolaire avec un cadre artistique. Il n’y a pas valeur de jugement, c’est juste que ça ne nous intéressait pas.
Et dans ce mine de rien de papiers qui questionnent, la production écrite née au CDI de la part des élèves est énorme de richesse.
Et de ce fait, on a passé ces questions aux adultes, en salle de convivialité.
Maintenant, nous ne sommes pas sociologues.
On a donc décidé de les coller pêle-mêle sur des feuilles A4, les scanner pour les mettre sur le blog, et les plastifier pour que tout le monde puisse les lire, et en profiter.Ces feuilles plastifiées exposées sont-ils alors notre création ? NON.
C’est la production écrite de la communauté scolaire, c’est leur création. Mais on a réussi au CDI ou dans la salle de convivialité, à activer une créativité, hors notre cadre.Que de questions…
Je regarde les 5 pages de « ta question à toi ? » auxquelles il nous faut répondre maintenant.
Finalement, notre création est là : générer des questions et des réponses.
Ainsi qu’écrire, comme je le fais maintenant.A signaler aussi, qu’à poser ses questions, à montrer nos doutes, il est apparu flagrant que nous représentions au sein du lycée l’adulte qui ne détient pas le savoir, et que c’est déstabilisant pour l’élève.