Cadre

Résidence artistique au Lycée Professionnel Agricole de Rivesaltes

16
Nov
2006

Lettre de rupture

by jip

Pourquoi sommes-nous venus en résidence, dans un lycée agricole, à trois ? Pour y poser un
cadre. Et puis ? Les objectifs étaient implicites (il n’a jamais été possible de s’entretenir des
règles du jeu, pour les affiner pour jouer ensemble) : poser un cadre pour questionner le lycée,
sa communauté, notre groupe. En attendant.

La résidence, c’est notre travail, même s’il n’y a pas de création, nous sommes les seuls juges.
Nous pouvons le faire. Tout est art est un slogan, prétexte refusé. La remise en question est
nécessaire. Par l’affirmation je l’accepte aussi.

Le lycée est un mauvais cadre dans un mauvais cadre (la société civile) dans un mauvais
cadre… ça suffit. Nous le savions, le cadre est une contrainte, révélatrice. C’est pour ça que
nous pouvons nous permettre de le poser arbitrairement. Mais pourquoi ? Pas juste pour
aligner des outils et les contempler. Des productions ? peu. Et les envies ? Heureusement le
CDI (la bibliothèque), cet espace de liberté.

Qu’est-ce qu’on attendait ? Que ça passe ? Vérifier que ça ne collait pas ? Samedi 15 heures
nous ne l’avons pas fait à trois. Mais quand même rester en bon termes. Il est temps de
consommer la rupture, avec les traces de l’expérience en plus. Ça nous regarde, les trois,
chacun.

L’attente demande-t-elle une discipline, une disposition ? L’attente ensemble demande aussi
de la discussion : tout est attente comme l’art, tout peut servir mais quoi ? À trois on peut
guetter et se tenir au courant, pas des lois mais de l’idée qui passe. Quel risque ? Quel jeu ?
Personnel, entre des personnes.

L’art ne justifie pas tout, surtout pas le vide quand on a tout refusé. Il est temps de
commencer, alors. Il n’est jamais trop tard. On peut attendre infiniment de ne rien faire. C’est
bien si on en a envie. Je me fous de la production, je ne la refuse pas non plus, je ne suis pas
un travailleur artistique. Je m’intéresse à l’œuvre ouverte, je n’ai pas besoin de signer, je suis
auteur de mes actes, je le sais. Je ne crois pas en la création divine, j’accepte beaucoup de
l’extérieur, contraintes et apports, la maîtrise conclut toujours à temps.

J’ai relâché mes attentes dans le groupe, mes envies sont là, j’attends sereinement et je profite
du cadre. Nous avons des réflexions différentes, tant mieux. Je choisis mon chemin et je vais
où je veux.

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